Qui est William Klein ? C’est un photographe américain né en 1928, mais aussi un peintre et un réalisateur. Aujourd’hui il vit en France, à Paris, ville qu’il a découvert dès l’âge de 19 ans et qui l’a beaucoup inspiré. Il tombera amoureux de son côté cosmopolite et multiculturel. William Klein commença par travailler dans l’atelier de Fernand Léger, puis il sera nommé photographe officiel de Vogue New York avec Richard Avedon. C’est là qu’il se spécialisera dans la photo de mode, tout en continuant son travail photographique autour du monde, et notamment à New York et Paris. Puis à la suite de la parution de son livre de photographies intitulé « New York », les critiques photographiques qualifièrent son travail de novateur. Un genre nouveau, décalé de la photographie classique, photos qui utilisent les flous, les cadrages serrés, les mouvements, les bougés…
William Klein créa « Contacts » en 1989. C’est une série d’émissions télévisées et portée sur de grands photographes ; de Doisneau à Cartier Bresson, en passant par Helmut Newton et Raymond Depardon. Il lança cette série avec une première émission sur lui. La vidéo est très sobre, on ne voit que la planche-contact et c’est Klein lui même qui la commente. C’est un procédé original car à aucun moment on ne voit le photographe, on reste focalisé du début à la fin seulement sur son travail. Et pas n’importe lequel puisqu’on voit tout la recherche qu’il a mené pour arriver à une photo.
Ses hésitations, ses ratés, ses mouvements, ses déplacements dans l’espace de la photo…
Un véritable journal intime du photographe.
On connait très rarement la planche-contact d’un photographe. Et pourtant celle-ci permet d’effectuer un choix esthétique et technique très important. Dans l’analyse des œuvres photographiques, on néglige souvent de préciser cette partie de sélection des clichés. Notamment parce que tous les photographes n’accordent pas la même importances à toutes ces étapes. Pour certain, le travail sera dans l’instant décisif de la prise de vue, et pour d’autres, tout se joue grâce à la planche-contact qui est comme la clef de leur production.
La planche-contact permet de faire une sorte de tri des photos qui vont avoir un véritable potentiel aux yeux de l’artiste-photographe. Ainsi le travail sera de trouver laquelle des photographies correspond le mieux à ce que l’artiste attendait. Ou alors, c’est grâce à des éléments non attendus, non voulus que le photographe va remarquer sur ses contacts. Des éléments nouveaux qui vont produire un effet particulier et améliorer la photographie. C’est ce qui est bien avec la photographie, il peut y avoir un élément inattendu qui s’ajoute à la photo et qui la compose d’une autre manière que celle imaginée par l’œil du photographe et qui rends la photo encore meilleure.
Klein a du mal à nous expliquer pourquoi il fait le choix de telle photo plutôt qu’une autre. Mais je crois que c’est comme ça pour chaque photographe. Le choix est réalisé en fonction de ce qu’il ressent devant une photographie plus qu’une autre. Selon son œil, ses conceptions artistiques, ses envies, même son humeur. Le choix d’une photographie est différent pour tous les photographes, et c’est ce qui fait que le travail de Doisneau n’est pas le même que celui de Capa. Que celui de Klein est différent de celui de Depardon.
La diversité des regards, c’est ce qui fait la diversité des grands photographes, et je les remercie de pouvoir toujours m’extasier de façon différente devant leurs photographies…
« Contacts » à retrouver en DVD ou sur Arte VOD
Le Masque 